Quelle importance est accordée à la stratégie consistant à “mieux gérer l’aide déjà reçue” pour constituer des réserves et un capital propre ? Quels mécanismes concrets sont suggérés ?

L’aide extérieure est souvent perçue comme une “nécessité provisoire” et une dépendance excessive à celle-ci est considérée comme un obstacle à long terme. Par conséquent, maximiser l’utilisation de l’aide existante pour construire une base financière solide est une priorité.

IMPORTANCE DE MIEUX GÉRER L’AIDE REÇUE

Plusieurs raisons soulignent l’importance de cette stratégie :

  • Créer une sécurité financière à long terme : L’objectif ultime est de réduire la dépendance à l’aide extérieure et d’assurer la pérennité de l’organisation. La constitution de réserves et d’un capital propre est essentielle pour faire face aux imprévus, investir dans de nouveaux projets et assurer la continuité des activités. Sans capital ni réserves, l’autonomie est illusoire et la dépendance à l’aide se maintient, voire s’accroît.
  • Augmenter la flexibilité de gestion : Disposer de fonds propres permet aux OD/ONG d’avoir une plus grande marge de manœuvre dans la gestion de leurs activités et de ne pas être entièrement soumises aux conditions et aux calendriers des bailleurs de fonds. Cela permet de financer des dépenses de renforcement institutionnel (formation, recherche de financement, études, etc.) qui sont cruciales mais souvent difficilement finançables par l’aide projet.
  • Renforcer la crédibilité et la confiance : Une organisation qui démontre sa capacité à gérer efficacement les fonds reçus et à construire ses propres réserves inspire davantage confiance aux donateurs et aux partenaires. Cela peut faciliter l’accès à de futurs financements et à des conditions plus souples.
  • Préparer la fin de l’aide : L’aide extérieure a une fin. Les OD/ONG doivent anticiper cette échéance et mettre en place des mécanismes d’autofinancement pour assurer leur survie à long terme. Mieux gérer l’aide existante est une étape cruciale dans ce processus de transition vers l’autonomie.

MÉCANISMES CONCRETS SUGGÉRÉS POUR MIEUX GÉRER L’AIDE ET CONSTITUER DES RÉSERVES ET UN CAPITAL PROPRE

Plusieurs mécanismes et techniques sont proposés dans les sources :

  • Négocier avec les agences d’aide pour allouer une partie des fonds à la constitution de fonds et de réserves : Il est crucial de discuter avec les bailleurs de fonds dès le départ pour qu’une partie de leur contribution puisse servir à créer un capital propre pour l’OD/ONG. Ceci inclut la constitution de fonds de roulement, de fonds pour l’achat de nouveaux équipements (amortissements), de fonds de recherche et d’innovation, de fonds pour de nouveaux projets, de fonds de réserve pour différence de change, et d’un fonds de réserve générale. Obtenir l’accord des donateurs est essentiel avant de transférer des fonds vers ces réserves.
  • Capitaliser les profits des activités économiques et de la vente de services : Les bénéfices générés par les activités économiques de l’organisation doivent être réinvestis en priorité pour augmenter le capital et les réserves. Ceci constitue un moteur essentiel de l’autonomie financière.
  • Utiliser les bénéfices issus d’une bonne gestion des accords de financement : Une gestion rigoureuse des contrats avec les agences de coopération peut dégager des marges qui peuvent être capitalisées.

Créer des fonds de réserve spécifiques :

  • Fonds pour obligations contractuelles : Pour faire face aux engagements financiers futurs.
  • Réserves “risques / calamités” : Pour se prémunir contre les événements imprévus (climatiques, économiques, etc.). Ces fonds peuvent être alimentés par des cotisations spéciales des membres.
  • Réserve générale : Pour assurer la stabilité à long terme de l’organisation. L’application d’une règle similaire à celle du droit commercial (transfert d’une partie des bénéfices) est suggérée.
  • Fonds de renouvellement : Pour anticiper le remplacement des équipements et des infrastructures financés initialement par l’aide.
  • Fonds “recherche / innovations” : Pour investir dans le futur développement de l’organisation.
  • Fonds pour nouveaux projets : Pour initier de nouvelles activités sans attendre l’approbation de nouvelles demandes de financement.
  • Gérer activement la trésorerie et placer les réserves : Une gestion efficace de la trésorerie permet de dégager des fonds disponibles qui peuvent être placés pour générer des intérêts, augmentant ainsi les revenus propres et les réserves. Il est important de choisir des placements sûrs et de bien planifier les besoins de trésorerie futurs. Les intérêts de ces placements peuvent être réaccumulés pour augmenter le fonds de réserve ou utilisés pour d’autres fins décidées par le conseil d’administration.
  • Gérer les différences de change : Dans les pays à forte inflation ou avec des monnaies instables, il est important de négocier avec les agences d’aide pour se prémunir contre les effets néfastes de la dévaluation. Cela peut inclure des transferts de fonds en monnaie forte ou la possibilité de conserver des intérêts générés par des fonds en devises fortes.
  • Inclure les coûts de renforcement institutionnel et la constitution de réserves dans les budgets des demandes de financement : Il est essentiel de rendre visibles ces dépenses auprès des bailleurs de fonds dès la phase de négociation.
  • Utiliser des fonds non affectés et les revenus propres pour renforcer les fonds de réserve : Les subventions générales et les revenus générés par les propres activités de l’organisation sont des sources importantes pour consolider les réserves.
  • Facturation interne et des services rendus à l’extérieur : Mettre en place des systèmes de facturation clairs pour les services rendus peut générer des revenus propres qui contribuent à l’autonomie financière.

En résumé, la stratégie consistant à “mieux gérer l’aide déjà reçue” est considérée comme un levier essentiel pour atteindre l’autonomie financière des OD/ONG. Les mécanismes concrets suggérés mettent l’accent sur une négociation proactive avec les bailleurs de fonds, une gestion rigoureuse des fonds reçus, la capitalisation des revenus propres, la création de fonds de réserve spécifiques pour faire face à différents besoins et risques, et une gestion active de la trésorerie et des placements. L’objectif est de transformer l’aide, initialement destinée à des projets spécifiques, en un capital durable qui assure la sécurité et l’indépendance financière de l’organisation à long terme.

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Updated on 15 avril 2025