Les Flux Financiers Illicites (FFI) constituent une hémorragie dévastatrice pour les économies africaines, sapant les fondations mêmes du développement durable et exacerbant les défis de la pauvreté et de l’inégalité sur le continent. Ces flux, qui représentent des transferts transfrontaliers de valeur illégalement acquise, transférée ou utilisée, constituent un défi majeur non seulement pour la mobilisation des ressources nationales mais aussi pour la gouvernance, la stabilité et la réalisation des aspirations de développement de l’Afrique, telles que définies dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.
Ce rapport a pour objectif d’analyser de manière approfondie et experte l’influence spécifique de ces FFI sur l’autonomie financière et la capacité d’action des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et des organisations de développement qui jouent un rôle crucial sur le continent. Ces organisations, souvent en première ligne pour fournir des services essentiels, défendre les droits humains et promouvoir le développement local, opèrent dans un environnement complexe où les ressources sont rares et les défis multiples. Comprendre comment les FFI affectent leur viabilité financière et leur indépendance stratégique est donc essentiel pour appréhender pleinement les conséquences de ce fléau et pour formuler des réponses adéquates. Cette analyse s’appuie sur un examen critique des documents de recherche fournis.
L’ampleur du phénomène des FFI en Afrique est alarmante, bien que les estimations varient en fonction des méthodologies et des périmètres considérés. Des institutions comme la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et le Groupe de Haut Niveau conjoint de l’Union Africaine et de la Commission Économique pour l’Afrique (UA/CEA) estiment les pertes annuelles à au moins 50 milliards de dollars américains, un montant qui dépasse l’Aide Publique au Développement (APD) reçue par le continent.
D’autres estimations, comme celle citée par Tax Justice Africa, avancent le chiffre de 88,6 milliards de dollars par an. Sur le long terme, le rapport du Groupe de Haut Niveau UA/CEA chiffre la perte cumulée sur 50 ans à plus de 1 000 milliards de dollars. Global Financial Integrity (GFI) a estimé les sorties illicites de capitaux entre 1970 et 2008 entre 865 milliards et 1,8 billion de dollars. Ces ordres de grandeur, même s’ils sont sujets à débat méthodologique, soulignent l’énorme manque à gagner pour le financement du développement en Afrique, un manque à gagner qui affecte inévitablement la capacité de financement et d’action du secteur associatif.