Trouve-t-on une discussion sur lescompromisinhérents à la quête d’autonomie ?

les sources soulignent explicitement les compromis inhérents à la quête d’autonomie des OD/ONG, en particulier en ce qui concerne les trois tensions que vous mentionnez.

ENTRE LA MISSION SOCIALE ET LA LOGIQUE DE RENTABILITÉ #

Le livre “Financer Autrement” insiste sur la nécessité de concilier la logique de l’aide, axée sur le social, et la logique de l’entreprise, axée sur la rentabilité. Ils reconnaissent que ces deux démarches peuvent sembler incompatibles au premier abord.

  • Le dilemme rentabilité économique/rentabilité sociale est directement mentionné comme un faisceau de contraintes que les “entreprises paysannes” doivent maîtriser. Il s’agit de savoir si l’on finance une activité économique en vue d’une rentabilité sociale ou financière, car les deux peuvent se justifier. Les auteurs soulignent que les objectifs et la logique de développement du mouvement social sont très différents de ceux des entreprises créées, les uns souhaitant répondre à des besoins sociaux, les autres préférant réaliser le maximum de bénéfice, objectifs rarement compatibles.
  • Le risque de dérive de mission est un point central. Lorsqu’une OD/ONG crée une entreprise, il est crucial de maintenir le lien avec l’objectif social initial. La question se pose de savoir qui décide en cas de problème : le conseil d’administration de l’entreprise ou celui de l’association ? Une trop grande indépendance de l’entreprise peut mener à une rupture définitive avec la mission sociale.
  • La confusion entre développement social et développement économique est un écueil à éviter. Le financement de l’activité sociale n’est possible que si l’activité économique a dégagé les ressources nécessaires. Les entreprises créées doivent respecter la charte de l’association et s’inscrire dans une économie sociale et solidaire.
  • La nécessité d’une séparation rigoureuse entre l’entreprise et le mouvement est préconisée pour différencier les fonctions économiques et sociales. L’entreprise doit acquérir son autonomie en matière de gestion et de décision par rapport à l’association pour éviter la confusion.
  • La question de la priorité entre rentabilité économique et sociale est soulevée. Faut-il supprimer une entreprise dont la rentabilité sociale est réelle mais la rentabilité économique nulle ou négative ? Faut-il alors la subventionner et peut-on encore la considérer comme une entreprise ?.

ENTRE LE CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE ET L’EFFICACITÉ DE LA GESTION FINANCIÈRE #

Les sources mettent en lumière la tension entre la participation des membres et la nécessité d’une gestion financière compétente et efficace.

  • Le risque de technocratisation est évoqué dans le contexte des coopératives, où une priorité excessive donnée au management sur la participation des membres peut survenir au profit d’une rentabilité extrême. De même, lors de la création de mécanismes financiers complexes, il existe un risque que des spécialistes recrutés imposent leurs règles, éloignant le contrôle des membres de base.
  • Le principe “un homme, une voix” garantit la démocratie dans les coopératives, à condition que la direction ne “technocratise” pas la gestion et ne monopolise pas le pouvoir de décision.
  • La nécessité de nouvelles compétences pour gérer les activités économiques entraîne des modifications des pouvoirs au sein de l’organisation. Les OD/ONG ont rarement la capacité de gérer de façon autonome des mécanismes financiers compliqués et ont des difficultés à trouver du personnel compétent.
  • Le partage du pouvoir est un principe démocratique défendu, impliquant la participation de tous à l’élaboration, à la gestion et à l’évaluation des activités de développement. Dans le contexte des banques solidaires, la participation aux instances d’attribution des prêts et à la réflexion sur les procédures est vue comme un moyen de renforcer la responsabilité.
  • L’équilibre entre pouvoir à la base et compétences requises est un enjeu dans la gestion des caisses d’épargne et de crédit. Il s’agit de donner le maximum de pouvoir à la base pour favoriser l’implication et le contrôle des coûts, sans dépasser le seuil d’information et de compétences nécessaires et en évitant les dérapages.

ENTRE L’INDÉPENDANCE VIS-À-VIS DES BAILLEURS EXTERNES ET UNE DÉPENDANCE POTENTIELLE VIS-À-VIS D’UN MARCHÉ OU DE CLIENTS #

La recherche d’autonomie financière est présentée comme une stratégie pour se dégager de la dépendance de l’aide extérieure. Cependant, cette autonomie peut entraîner une nouvelle forme de dépendance.

  • La logique de l’aide est différente de la logique de l’entreprise, et la conciliation est nécessaire. Le passage à une gestion d’entreprise introduit des concepts clés comme la rentabilité, la compétitivité et la maîtrise des marchés.
  • La dépendance au marché signifie que les biens et services produits doivent être compétitifs en termes de qualité et de prix. Les OD/ONG doivent maîtriser l’approvisionnement et la commercialisation. Une étude de marché est nécessaire pour évaluer le potentiel commercial avant de lancer de nouvelles productions.
  • Le risque financier lié à la création d’entreprise inclut la possibilité de générer des pertes. Les entreprises de développement doivent calculer leur prix de revient et de vente pour être compétitives.
  • La recherche de financement évolue. Au lieu de dépendre des subventions, l’OD/ONG doit développer des sources de revenus propres par la vente de produits et services. Cela nécessite de définir clairement ses produits, ses prix, ses canaux de distribution et son modèle économique.
  • L’importance des élites locales est soulignée comme une ressource potentielle pour le financement et l’expertise, mais il est nécessaire de maintenir le pouvoir de décision au niveau de la communauté locale pour éviter une nouvelle forme de dépendance.
  • Les actions d'”advocacy et de lobbying” sont présentées comme une solution à long terme pour promouvoir l’autonomie financière et politique en s’attaquant aux contraintes économiques imposées par le marché.

En conclusion, les textes de l’IRED reconnaissent pleinement les compromis et les tensions inhérents à la recherche d’autonomie. Ils mettent en garde contre la dérive de mission et la perte de contrôle démocratique lors de la professionnalisation et de la diversification des sources de revenus. Ils soulignent la nécessité d’une gestion rigoureuse, d’une planification stratégique et d’une réflexion approfondie pour naviguer entre ces différentes logiques et dépendances.

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Updated on 15 avril 2025