Quels sont les principaux défis, risques, et compromis (ex: dérive de mission, instabilité, conflits d’intérêts) associés à la poursuite de l’autonomie stratégique et à la mise en œuvre des modèles économiques associés pour les ONG/OSC en Afrique ?
Les principaux défis, risques et compromis associés à la poursuite de l’autonomie stratégique et à la mise en œuvre des modèles économiques associés pour les ONG/OSC en Afrique sont multiples et interdépendants.
Un défi majeur concerne le maintien de l’indépendance et de l’autonomie face à la nécessité de diversifier les sources de financement. Le risque de cooptation par des agences gouvernementales ou l’opposition politique est élevé, en particulier dans les régimes non compétitifs et les nouvelles démocraties, où des postes ou des contrats peuvent être offerts aux dirigeants d’ONG. De plus, le public peut se méfier des ONG, les percevant comme travaillant pour le gouvernement ou l’opposition. Un autre risque est de devenir des agents promouvant les intérêts spécifiques de donateurs cherchant à faire avancer leur propre agenda politique, surtout en l’absence de politiques claires d’indépendance et de conformité. La dépendance au financement des donateurs peut indirectement miner la capacité des institutions et menacer leur autonomie et leur durabilité.
La recherche de génération de revenus propres peut entraîner une dérive de mission. Si les ONG se concentrent excessivement sur des activités lucratives pour assurer leur financement, elles risquent de s’éloigner de leurs objectifs sociaux fondamentaux et de devenir davantage des firmes de consultants, affectant leur capacité à poursuivre un agenda de recherche indépendant. Cette orientation vers la monétisation pourrait également minimiser le sens d’appropriation de la communauté si les programmes ne sont pas spécifiquement conçus pour renforcer les compétences et les capacités locales.
L’instabilité est un autre risque. Bien que la diversification des financements vise à accroître la durabilité, de nouveaux modèles économiques peuvent être instables ou non fiables s’ils ne sont pas gérés efficacement ou s’ils sont affectés par des chocs externes .
Les ONG du Sud ont souvent des capacités limitées pour mettre en œuvre de nouvelles approches de financement et des modèles économiques complexes. Elles peuvent manquer de la vision et de la mission claires nécessaires pour articuler leur rôle et attirer des financements diversifiés.
Les conflits d’intérêts peuvent surgir lors de la recherche de partenariats avec le secteur privé ou des acteurs politiques. Il est crucial pour les ONG d’avoir des politiques transparentes pour gérer ces conflits potentiels et maintenir leur crédibilité et leur impartialité.
La rigidité du système juridique et politique dans certains contextes africains constitue un défi supplémentaire, pouvant entraver la mise en œuvre de stratégies d’autonomie et la participation aux activités de développement. De plus, la dépendance excessive au financement international à court terme et axé sur des projets peut nuire à la capacité des ONG d’investir dans leurs activités de base et d’assurer leur stabilité financière à long terme. La réduction du financement des donateurs, comme observé au Botswana, peut même entraîner la fermeture d’ONG dépendantes.
Enfin, il est important de noter que le modèle traditionnel de financement axé sur les projets en Afrique subsaharienne a indirectement miné la capacité des institutions de la région. Les ONG doivent donc trouver un équilibre entre la recherche de nouvelles sources de financement et la fidélité à leur mission, tout en renforçant leurs capacités internes pour assurer leur durabilité et leur impact à long terme.