Comment la littérature scientifique et opérationnelle analyse-t-elle les stratégies, les facteurs d’influence, et les modèles économiques permettant aux ONG et OSC initiées localement en Afrique d’atteindre et de maintenir leur autonomie stratégique et programmatique vis-à-vis des financeurs ?
L’atteinte et le maintien de l’autonomie stratégique et programmatique des ONG et OSC initiées localement en Afrique vis-à-vis des financeurs sont des enjeux cruciaux, influencés par diverses stratégies, facteurs et modèles économiques.
FACTEURS D’INFLUENCE SUR L’AUTONOMIE #
- La dépendance aux bailleurs de fonds internationaux : Les OSC de petite taille en Afrique centrale dépendent principalement des bailleurs de fonds internationaux. Cette dépendance est en partie due à la mondialisation qui a ouvert l’accès aux financements étrangers depuis les années 1980. Les donateurs internationaux se tournent vers les OSC locales en raison de leur savoir local, de leur capacité à soutenir l’implication communautaire et la promotion démocratique. Cependant, la survie de ces organisations dépend grandement de ces fonds.
- Les critères exigeants des bailleurs de fonds : Les bailleurs de fonds internationaux imposent souvent des critères particulièrement exigeants pour s’assurer de la bonne gestion des fonds et respecter l’agenda politique de leur pays, ce qui peut entraver le bon fonctionnement des OSC. Ces critères incluent notamment l’audit et la certification des comptes, la preuve d’une existence légale, une bonne structuration organisationnelle, l’expérience financière (gestion de grands financements), et l’obligation de respecter les thématiques proposées par les bailleurs, même si elles ne correspondent pas aux priorités locales.
- Le contexte politique et juridique local : Les OSC peuvent rencontrer des difficultés au sein de leur propre contexte politique et juridique. Par exemple, les OSC travaillant sur les droits des minorités sexuelles peuvent être obligées d’utiliser un langage spécifique en raison de la criminalisation des personnes LGBTQIA+.
- Le manque de ressources et de capacités locales : Les OSC souffrent souvent d’un manque de personnel qualifié et d’une expérience financière limitée, ce qui rend difficile la satisfaction des exigences des grands bailleurs de fonds.
STRATÉGIES POUR ATTEINDRE ET MAINTENIR L’AUTONOMIE #
- Diversification des sources de financement : Il est essentiel que les OSC explorent et développent des modalités de financement alternatives pour gagner en autonomie. Ces alternatives incluent le développement de fonds régionaux, le financement privé, et le financement participatif (crowdfunding).
- Renforcement des capacités organisationnelles et financières : L’accès à des programmes de formation en gestion financière, budgétisation et suivi des dépenses est crucial pour les OSC. Les bailleurs de fonds sont également encouragés à contextualiser le suivi financier aux réalités du terrain. Investir dans le développement des compétences en gestion de projet et en mesure d’impact est également souhaitable.
- Collaboration et consortiums : Les OSC locales sont encouragées à mettre en place des consortiums pour répondre aux appels à projets et obtenir la gestion de financements plus conséquents. Cela permet également de mutualiser la gestion des subventions et de faciliter la montée en compétences commune.
- Implication accrue de la population locale : Une meilleure mise à contribution de la population locale à l’écriture des projets, de pair avec les OSC et leurs bailleurs de fonds, garantirait une approche plus ancrée dans les problématiques locales. Il est recommandé de consulter régulièrement les communautés locales pour identifier leurs priorités plutôt que de se concentrer uniquement sur les agendas des bailleurs de fonds.
- Plaidoyer pour des modalités de financement plus adaptées : Les OSC peuvent plaider auprès des autorités étatiques et des institutions internationales pour des procédures de financement allégées, des subventions plus petites et plus accessibles, des financements flexibles sur la durée, et un soutien financier adapté à la diversité et aux spécificités des OSC de droits humains. Faciliter l’obtention de financement direct par les OSC, sans recourir obligatoirement à un intermédiaire, est également une stratégie importante.
MODÈLES ÉCONOMIQUES POUR L’AUTONOMIE #
Bien que les sources mettent principalement l’accent sur la diversification des sources de financement comme modèle pour gagner en autonomie financière et donc stratégique et programmatique, on peut déduire que des modèles économiques basés sur :
- La génération de revenus propres : Le développement d’activités génératrices de revenus, tout en restant fidèles à leur mission, pourrait permettre aux OSC de réduire leur dépendance aux financements externes. Les sources ne détaillent pas spécifiquement ces modèles pour le contexte africain, mais cela pourrait inclure des services payants, des entreprises sociales, etc. (Information non tirée directement des sources, nécessitant une vérification indépendante).
- Le soutien de la philanthropie locale : Encourager et développer la philanthropie locale et le financement privé au sein des communautés africaines pourrait constituer une source de financement plus autonome et alignée sur les priorités locales. Les sources indiquent que le financement des bailleurs publics et privés locaux reste marginal, soulignant le potentiel de développement dans ce domaine.
En conclusion, l’autonomie stratégique et programmatique des ONG et OSC en Afrique est un défi complexe nécessitant une approche multidimensionnelle. Elle repose sur la capacité des OSC à diversifier leurs sources de financement, à renforcer leurs capacités internes, à s’ancrer dans les réalités locales et à plaider pour des modalités de financement plus adaptées à leurs besoins et à ceux des communautés qu’elles servent. La reconnaissance de la valeur du savoir local des OSC par les bailleurs de fonds et une plus grande flexibilité de leur part sont également essentielles pour favoriser cette autonomie.