Quels facteurs internes (gouvernance, leadership, capacités organisationnelles, etc.) et externes (environnement de financement, politiques publiques, contexte socio-économique, pratiques des bailleurs, etc.) sont identifiés comme déterminants (positifs ou négatifs) pour l’autonomie stratégique de ces organisations ?
Plusieurs facteurs internes et externes sont identifiés dans les sources comme déterminants pour l’autonomie stratégique des organisations, qu’il s’agisse d’ONG, de think tanks ou d’autres acteurs du développement.
FACTEURS INTERNES #
- Gouvernance, leadership, pratiques démocratiques, transparence et redevabilité : Un manque de pratiques démocratiques, de transparence et de redevabilité au sein des ONG peut nuire à leur gestion efficace. Une bonne gouvernance, impliquant une gestion transparente et redevable des ressources, est essentielle à la durabilité des ONG. Les ONG qui pratiquent une bonne gouvernance peuvent gagner en crédibilité et en soutien. Un manque de vision et de mission claires peut rendre difficile l’articulation du rôle et des fonctions d’une ONG, affectant son autonomie stratégique.
- Capacités organisationnelles et qualité des ressources humaines : La qualité parfois inférieure des productions de certains think tanks africains, due à un nombre limité de chercheurs bien formés, de professionnels de la communication et du développement, ainsi que de dirigeants et d’administrateurs compétents, menace leur durabilité et donc leur autonomie. La rétention du personnel est également un problème majeur. De même, le caractère souvent « associatif » et « volontaire » des ONG peut ne pas attirer des personnes compétentes, affectant leur participation et leur autonomie. Un manque de personnel bien formé limite la capacité des ONG à gérer leurs affaires quotidiennes, à planifier, à évaluer, à mettre en œuvre et à suivre leurs projets.
- Gestion stratégique et financière : Certaines ONG réforment leurs structures pour avoir une direction et une stratégie claires. Cependant, la dépendance au financement des donateurs est un facteur majeur impactant la gestion et la durabilité des ONG, menaçant leur autonomie. Une mauvaise gestion financière et un manque de tenue de registres appropriée nuisent à la gestion des ONG. Diversifier les sources de financement est crucial pour réduire les pressions potentielles et renforcer l’autonomie des think tanks.
- Vision et mission claires : La plupart des ONG semblent manquer de vision et de mission claires, se concentrant sur des questions quotidiennes mineures plutôt que sur des enjeux sociétaux et économiques plus larges. Ce manque de vision rend difficile l’articulation de leur rôle et de leur fonction facilitatrice.
FACTEURS EXTERNES #
- Environnement de financement et pratiques des bailleurs : La réduction du financement des donateurs, en particulier lorsque des pays atteignent le statut de revenu intermédiaire, peut entraîner la fermeture ou la réduction des activités des ONG, impactant négativement leur autonomie. La forte dépendance à l’aide des donateurs peut affaiblir l’appropriation et entraîner une dérive stratégique, les organisations se concentrant sur les activités financées par l’extérieur. Les pratiques des donateurs peuvent parfois favoriser une politique de confrontation entre la société civile et les États africains. Les ONG du Nord devraient se concentrer sur l’aide aux ONG du Sud pour atteindre leurs propres objectifs, favorisant ainsi l’autonomie de ces dernières. L’aide publique au développement (APD) est soumise à des pressions dues à un environnement économique mondial tiède et à de lourdes charges fiscales pour plusieurs donateurs majeurs. L’APD seule serait insuffisante pour atteindre les prochains objectifs de développement, soulignant la nécessité de mobiliser des ressources diverses.
- Politiques publiques et contexte juridique et politique : La rigidité du système juridique et politique est un défi majeur pour la participation des ONG aux activités des Nations Unies. L’ingérence des autorités publiques dans les activités des ONG influence la nature et le contenu de leur participation internationale. Un environnement juridique et réglementaire favorable est essentiel pour la portée et l’action des ONG. Les restrictions à la liberté de mouvement et d’expression peuvent également nuire à l’autonomie des organisations de la société civile.
- Contexte socio-économique : La retraite progressive des gouvernements dans la prestation des services publics a créé un vide que les ONG tentent de combler. L’inefficacité de l’État et de ses systèmes bureaucratiques face à la mondialisation a également favorisé l’émergence des ONG. Dans les contextes de faiblesse de l’État et de déclin des marchés en Afrique, les ONG prolifèrent comme seule alternative pour promouvoir le développement local. Cependant, dans certains contextes, la société civile peut être faible et manquer de capacité d’organisation.
- Coordination et partenariats : La nécessité d’une approche holistique et globale du développement en Afrique est soulignée, impliquant une intégration au niveau national et entre les acteurs mondiaux, ainsi qu’un partage d’informations et un leadership clair des gouvernements des pays en développement. Les partenariats stratégiques entre les ONG du Nord et du Sud sont essentiels pour renforcer les capacités de ces dernières. Une relation saine entre les ONG et l’État, basée sur des objectifs partagés, est essentielle pour que les ONG réalisent leur potentiel et gèrent efficacement leurs activités. Cependant, des jalousies et une méfiance profondes peuvent exister entre les gouvernements et les ONG.
- Facteurs externes imprévisibles : Les pays africains sont extrêmement vulnérables aux chocs exogènes tels que la dette extérieure, la volatilité des ressources externes, les termes de l’échange défavorables et les catastrophes naturelles, rendant difficile l’atteinte des objectifs macroéconomiques et affectant indirectement l’autonomie des organisations.
En résumé, l’autonomie stratégique des organisations est une dynamique complexe influencée par une interaction constante entre leurs capacités internes et les conditions externes dans lesquelles elles opèrent. Le renforcement de la gouvernance interne, des capacités organisationnelles et la diversification des sources de financement apparaissent comme des leviers essentiels pour accroître cette autonomie. Parallèlement, un environnement politique et juridique favorable, ainsi que des pratiques de financement éclairées et un contexte socio-économique porteur sont des conditions externes déterminantes.