Les ouvrages IRED fournissent-ils des éléments permettant de distinguer des spécificités liées aux contextes géographiques ou nationaux (ex: Afrique de l’Ouest vs Afrique Australe, zones francophones vs anglophones, contexte rural vs urbain) à travers les exemples cités ?
Les ouvrages de l’IRED offrent des analyses approfondies sur les stratégies d’autonomisation financière des organisations de développement en Afrique. Ces travaux prennent en compte diverses spécificités liées aux contextes géographiques et nationaux, notamment les distinctions entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe, les zones francophones et anglophones, ainsi que les environnements ruraux et urbains.
DISTINCTIONS GÉOGRAPHIQUES ET NATIONALES EN AFRIQUE #
Afrique de l’Ouest
- Le Réseau des organisations de producteurs africains de l’Ouest (ROPPA) est fréquemment cité comme un exemple majeur d’organisation paysanne regroupant plusieurs millions de producteurs (paysans, artisans, pêcheurs, hommes et femmes) d’une quinzaine de pays francophones et anglophones d’Afrique de l’Ouest. Son leader fondateur, Mamadou CISSOKHO du Sénégal, est mentionné comme un ami et un acteur clé dans la vision d’un mouvement paysan mondial, ayant participé à des échanges Sud/Sud organisés par l’IRED. Les activités du ROPPA couvrent la production, la transformation, la formation et des activités économiques dans divers domaines. Une des faiblesses identifiées est leur capacité encore limitée à créer des entreprises et coopératives de moyennes et grandes dimensions, notamment dans la transformation et la commercialisation. Des publications et des sites web sont recommandés pour suivre leurs efforts de structuration et de développement.
- Le Sahel est mentionné comme une zone d’intervention importante pour l’IRED, avec des activités organisées au cours des deux dernières années. L’expérience de Méckhé au Sénégal, où les paysans ont étudié eux-mêmes leur milieu et leurs problèmes, est citée comme un exemple d'”Etudes Paysannes”. Un fonds rotatif au Sahel, “Moulins Pères, Moulins Filles, Moulins Fils” dans le Yatenga (Haute-Volta), est présenté comme une innovation pour alléger le travail des femmes.
- L’Institut Panafricain pour le Développement Afrique de l’Ouest et le Sahel francophone (IPD-AOS) est basé à Ouagadougou au Burkina Faso. Des recherches menées dans la zone laboratoire proche d’Ouahigouya au Burkina Faso, dirigées par le Professeur René BILLAZ, ont influencé la formation des étudiants de l’IPD.
- Des sessions locales de formation en gestion ont été organisées au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. Des chantiers-écoles dans ces pays ont porté sur le jardinage, le tissage et les moulins.
- Le CADTM, basé à Bruxelles, est mentionné comme une ONG informant et gérant des programmes de la dette des pays du Sud, incluant l’Afrique de l’Ouest.
- L’ENDA (Environnement et Développement du Tiers-Monde) est mentionnée comme une organisation avec laquelle les leaders africains devraient coopérer, impliquant potentiellement des actions spécifiques en Afrique de l’Ouest où l’ENDA est active.
- Le BIT/OIT met en œuvre des projets de coopération technique dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest comme le Mali, le Sénégal et le Togo, offrant des services de conseil en politique de l’emploi et d’accès au financement de la législation sur l’emploi des jeunes.
Afrique Australe
- Un mouvement paysan en Afrique australe a mis en place un commerce de vente de biens de construction dans une petite métropole régionale, vendant aux paysans et aux citadins. Ceci illustre une adaptation au contexte régional avec des liens entre zones rurales et urbaines.
- Le PAID-ESA (Institut Panafricain pour le Développement Afrique de l’Est et Australe anglophone) est basé à Kabwe en Zambie.
- Le Kagiso Trust d’Afrique du Sud est présenté comme une étude de cas.
- Le BIT/OIT a également mené des projets de coopération technique au Zimbabwe.
- Afrique Centrale :
- Le PROPAC est mentionné comme le réseau d’OP d’Afrique Centrale.
- L’IPD-AC (Institut Panafricain pour le Développement Afrique Centrale francophone) est établi à Douala au Cameroun.
- L’initiative “Initiatives Locales de Développement (ILD)” est un terme utilisé en Afrique Centrale pour désigner des petites ONG qui se développent.
- Le BIT/OIT a des projets de coopération technique en République démocratique du Congo.
Afrique de l’Est :
- Le PAID-ESA (Institut Panafricain pour le Développement Afrique de l’Est et Australe anglophone) couvre également l’Afrique de l’Est et est basé en Zambie.
- Le BIT/OIT a des projets en Égypte, au Malawi et en Ouganda.
- L’expérience du Rwanda avec la multiplication des coopératives pour structurer l’emploi informel est citée comme une réponse intéressante.
- Afrique du Nord :
- L’IPD-AN (Institut Panafricain pour le Développement Afrique du Nord) est établi à Salé au Maroc.
- Le BIT/OIT a des projets au Maroc.
- Le chômage est identifié comme une cause possible des soulèvements du printemps arabe, affectant notamment les pays d’Afrique du Nord.
DISTINCTIONS ENTRE ZONES FRANCOPHONES ET ANGLOPHONES #
- Le ROPPA regroupe des producteurs de pays francophones et anglophones d’Afrique de l’Ouest, et les échanges organisés par l’IRED ont permis à des paysans de ces zones de communiquer malgré les différences de langues. Ceci suggère une volonté de transcender les barrières linguistiques dans les initiatives de développement régional.
- Les différents Instituts Panafricains pour le Développement (IPD) sont organisés en fonction des zones linguistiques (francophone, anglophone), reconnaissant ainsi une certaine spécificité liée à la langue dans la mise en œuvre des programmes et la formation.
DISTINCTIONS ENTRE CONTEXTES RURAUX ET URBAINS #
- De nombreux exemples se concentrent sur le développement rural et les organisations paysannes. Les défis spécifiques au crédit agricole et à la commercialisation des produits agricoles sont soulignés [voir la réponse précédente].
- Cependant, le secteur informel des villes africaines est également mentionné comme un lieu d’initiatives et de petites entreprises répondant aux besoins locaux. Le soutien et la modernisation de ce secteur sont préconisés.
- Un exemple d’un mouvement paysan installant un commerce de matériaux de construction dans une métropole régionale en Afrique australe illustre un lien économique entre les zones rurales (fournissant potentiellement des matières premières ou des clients) et urbaines (marché plus important).
- Les difficultés d’accès à l’achat de produits agricoles, en particulier en villes, en raison des coûts élevés, sont notées.
- La diaspora africaine préfère souvent investir son épargne dans les grandes banques internationales en Europe plutôt que dans des projets économiques dans leurs villages d’origine, soulignant un flux financier des zones rurales vers les centres urbains ou internationaux. Il est suggéré de mettre en place des outils financiers pour orienter ces investissements vers la création de banques locales.
- L’étude de marché est présentée comme une étape importante pour les projets, distinguant les caractéristiques des marchés ruraux (petits, saisonniers, homogènes, isolés) des marchés urbains (grands, moins saisonniers, plus variés, plus de concurrence).
En conclusion, les ouvrages de l’IRED, à travers leurs exemples et les structures qu’ils soutiennent (comme le ROPPA et les IPD), mettent en lumière des spécificités liées aux contextes géographiques (Afrique de l’Ouest, Australe, Centrale, Est, Nord), linguistiques (francophone, anglophone) et spatiaux (rural vs. urbain). Ces distinctions se manifestent dans les types d’organisations de base, les défis rencontrés en matière de financement et de développement économique, et les stratégies adoptées pour répondre aux besoins des populations locales. L’IRED semble adopter une approche flexible, reconnaissant la pluralité des voies de développement et la nécessité de s’adapter aux situations locales et nationales.