Comment les textes de l’IRED articulent-ils la quête d’autonomie avec la nécessité d’un “autre développement” et d’un “nouveau partenariat” ? Quelle vision de ce partenariat renouvelé est proposée ?

En réponse à la question de l’articulation entre la quête d’autonomie, la nécessité d’un « autre développement » et l’émergence d’un « nouveau partenariat », voici une analyse approfondie fondée sur les documents sources.

L’AUTONOMIE COMME FONDEMENT D’UN “AUTRE DÉVELOPPEMENT” #

Les auteurs des documents sources présentent l’autonomie, principalement financière mais aussi politique et institutionnelle, comme une condition sine qua non pour la mise en œuvre d’un “autre développement. Ils critiquent vivement la dépendance des OD/ONG du Sud vis-à-vis de l’aide internationale, soulignant que cette dépendance perpétue un modèle de développement qui ne correspond pas toujours aux besoins et aux priorités des populations locales.

  • La dépendance financière est vue comme un obstacle à la capacité des OD/ONG de définir et de mettre en œuvre leurs propres stratégies de développement. Les bailleurs de fonds, avec leur approche par projet, orientent souvent les actions des OD/ONG vers des objectifs et des modalités qui ne favorisent pas la création de capital propre ni l’autofinancement à long terme. Cette approche est décrite par Bernard Lecomte comme peu adaptée à la mobilisation des efforts propres des bénéficiaires et conçue hors du contexte réel de l’action.
  • Les auteurs insistent sur le fait qu’un “autre développement” doit émaner des populations elles-mêmes, basé sur l’analyse de leurs besoins et maîtrisé par elles. L’autonomie financière permet aux OD/ONG de s’affranchir des impératifs des bailleurs et de se concentrer sur la promotion de l’auto-promotion et la prise en charge du développement par les communautés.
  • L’autonomie est également politique, car les organisations populaires de la société civile ont été trop longtemps marginalisées des décisions. Un “autre développement” requiert que ces organisations aient plus de poids dans le dialogue et les décisions qui concernent leur avenir. L’autonomie institutionnelle, quant à elle, implique le renforcement des capacités internes des OD/ONG pour une gestion efficace et la définition de leurs propres priorités.

Fernand Vincent souligne que 95% des ONG du Sud dépendent de l’aide et disparaîtraient sans elle, ce qui rend d’autant plus urgente la nécessité de construire un partenariat avec les agences d’aide tout en développant l’autonomie financière. L’objectif n’est pas de condamner l’aide, mais de la rendre plus efficace en la plaçant au service de l’autonomisation.

LE “NOUVEAU PARTENARIAT” COMME VECTEUR D’AUTONOMIE ET D'”AUTRE DÉVELOPPEMENT” #

Face aux limites de l’aide traditionnelle et à la nécessité de promouvoir un “autre développement”, les auteurs proposent un “nouveau partenariat” entre les OD/ONG du Sud et les différents acteurs du développement, notamment les bailleurs de fonds du Nord, les gouvernements, le secteur privé et les banques. Ce partenariat renouvelé est conçu pour dépasser les relations de dépendance et favoriser l’autonomie des organisations du Sud.

La vision de ce nouveau partenariat repose sur plusieurs éléments clés :

  • Recentrer l’objectif sur l’autonomie du partenaire : Les ONG du Nord doivent évoluer de la simple logique de financement de projets à un accompagnement à long terme visant à renforcer l’autonomie financière, économique, culturelle et politique des OD/ONG du Sud. Cela implique de planifier avec les partenaires la “fin de l’aide” en les aidant à créer leurs propres revenus et capital.
  • Changer les méthodes d’aide : Il est nécessaire de passer de l’approche rigide par projet à des formes de financement plus souples, telles que les fonds souples, les fonds rotatifs et les garanties bancaires. L’aide devrait également faciliter la constitution de réserves et de capital au sein des OD/ONG. Les agences de coopération devraient accepter de financer l'”infinançable”, comme les frais de fonctionnement essentiels et les coûts d’études initiaux.
  • Établir une relation d’égalité et de confiance :Le nouveau partenariat exige que les bailleurs considèrent les OD/ONG du Sud comme des partenaires adultes, qu’on écoute et avec lesquels on négocie. Cela implique un meilleur dialogue, une plus grande transparence et une prise en compte des priorités des organisations du Sud.
  • Partage du pouvoir et co-gestion : Certains auteurs suggèrent des mécanismes de co-gestion des fonds, où donateurs et bénéficiaires seraient représentés à égalité pour prendre des décisions. Cela permettrait un réel partage du pouvoir que confère l’argent et renforcerait la responsabilité des acteurs locaux.
  • Valorisation de l’effort propre :Le nouveau partenariat doit reconnaître et soutenir l’effort propre des organisations du Sud, qu’il soit en nature, en travail ou en argent, comme point de départ du développement. L’aide extérieure doit être complémentaire à cet effort local.
  • Développement de mécanismes financiers innovants :Les auteurs explorent diverses pistes pour financer “autrement” le développement, telles que la mobilisation de l’épargne locale, les fonds de contrepartie du rachat de dette, les fonds “endowment”, et le développement d’activités économiques génératrices de revenus par les OD/ONG elles-mêmes.

RÔLE DES DIFFÉRENTS ACTEURS #

Les OD/ONG du Sud doivent se professionnaliser, adopter une mentalité d’“entreprise de développement“, renforcer leur gestion, et s’orienter vers la création d’activités économiques. L’autogestion et la participation sont essentielles.

  • Les OD/ONG du Nord doivent transformer leur mentalité et leurs pratiques, en se concentrant sur l’autonomie de leurs partenaires du Sud et en luttant contre le mal-développement dans le Nord également.
  • Les gouvernements du Sud doivent soutenir les initiatives d’autonomie des OD/ONG.
  • Le secteur privé doit être davantage impliqué en ouvrant des marchés et en offrant des financements.
  • Les banques, y compris les banques de développement, doivent adapter leurs produits et services aux besoins des OD/ONG.
  • L’aide internationale doit faire évoluer ses méthodes de financement vers plus de flexibilité et de soutien à la capitalisation.

En conclusion, les documents sources articulent fortement la quête d’autonomie des OD/ONG avec la nécessité d’un “autre développement” qui soit plus endogène et adapté aux réalités locales. Le “nouveau partenariat” est la stratégie proposée pour atteindre cette autonomie, en redéfinissant les relations entre les acteurs du développement sur une base d’égalité, de confiance et de soutien à long terme, privilégiant le renforcement des capacités et la création de ressources propres plutôt que la simple dépendance à l’aide par projet.

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Updated on 15 avril 2025