Principe : DiMaggio & Powell (1983), Meyer & Rowan (1977) – Les organisations opèrent dans des “champs organisationnels” où elles sont soumises à des pressions (coercitives, mimétiques, normatives) pour adopter des structures, pratiques et discours considérés comme légitimes par leur environnement (État, bailleurs, pairs, professions). Cette conformité (isomorphisme) vise à assurer la survie et l’accès aux ressources, mais peut se faire au détriment de l’efficacité technique ou de l’autonomie réelle.
APPLICATION AUX ONG AFRICAINES : #
- La forte dépendance des ONG africaines vis-à-vis des bailleurs internationaux les pousse à adopter des modèles de gestion, des outils (cadre logique, reporting standardisé), des structures (conseil d’administration “moderne”) et même des priorités thématiques définis par les normes dominantes du “Nord”.
- Cette pression à la “professionnalisation” et à la standardisation, bien que pouvant améliorer certains aspects, risque d’étouffer l’innovation locale, d’éloigner les ONG de leurs bases communautaires et de limiter leur capacité à définir leurs propres stratégies en fonction des besoins réels et du contexte local. La recherche de légitimité externe prime parfois sur la pertinence locale.
Cas concret / Éléments d’évidence : Des études (par exemple, dans les travaux de D. Lewis, A. Fowler, ou d’autres analystes du secteur) montrent la diffusion quasi-universelle de certains outils de gestion de projet (comme le cadre logique) imposés par les bailleurs, même lorsque leur pertinence locale est discutable. On observe aussi des vagues de “mimétisme” où les ONG adoptent des thématiques à la mode (microfinance, puis genre, puis climat…) pour attirer les financements.
Critique / Nuance africaine : La théorie institutionnelle peut sous-estimer la capacité des acteurs locaux à négocier, adapter ou “hybrider” les normes externes avec les logiques locales (parfois qualifié de “glocalisation”). La légitimité n’est pas seulement recherchée auprès des bailleurs ; elle l’est aussi (et parfois de manière conflictuelle) auprès des communautés locales, des autorités traditionnelles ou de l’État, créant des jeux institutionnels complexes et des stratégies de navigation spécifiques au contexte africain.