Les auteurs de l’IRED soulèvent-ils explicitement lesrisquesassociés à certaines stratégies d’autonomisation ?

Les auteurs de l’IRED soulèvent explicitement plusieurs risques associés aux stratégies d’autonomisation financière des organisations de développement (OD/ONG). Ils mettent en garde contre la dérive de mission lors de la création d’activités économiques, soulignent la complexité de gestion accrue liée aux nouveaux outils financiers et évoquent l’instabilité potentielle des revenus auto-générés.

RISQUE DE DÉRIVE DE MISSION LORS DE LA CRÉATION D’ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES #

Le livre “Financer Autrement” aborde directement le risque de dérive de mission lorsqu’une OD/ONG se lance dans des activités économiques rentables. Il posent une question fondamentale quant à la conciliation entre l’autonomie nécessaire au développement de l’entreprise et son lien avec l’association qui a un objectif social. Il existe une interrogation sur la prise de décision en cas de problème : est-ce le conseil d’administration de l’entreprise ou celui de l’association qui prime ? Si le conseil d’administration de l’entreprise devient trop indépendant, il y a un danger de rupture définitive et d’échec par rapport à l’objectif initial de l’association.

De plus, il est souligné que les entreprises créées par les ONG doivent respecter la charte de l’association et ne négocier que des contrats entrant dans une économie sociale et solidaire ou un service à une institution qui poursuit un but louable. Cela implique une vigilance constante pour s’assurer que les activités économiques restent alignées sur la mission sociale de l’organisation.

Le “Manuel de Recherche de Financement” met également en lumière le potentiel conflit d’intérêts entre les activités commerciales et la mission de l’ONG. L’accent mis sur l’entreprise pourrait détourner l’ONG de son objectif principal. Il est donc crucial d’analyser attentivement les opportunités et les défis spécifiques avant de se lancer dans la création d’entreprise.

COMPLEXITÉ DE GESTION ACCRUE LIÉE AUX NOUVEAUX OUTILS FINANCIERS #

Les auteurs insistent sur le fait que les OD/ONG ont rarement la capacité de gérer de façon autonome des mécanismes financiers compliqués. Ils soulignent la difficulté à trouver du personnel compétent, qui doit être hautement professionnel, car l’incompétence ou le manque de bonne gestion dans le domaine financier peut avoir des conséquences désastreuses.

La création ou le développement d’institutions financières intermédiaires est envisagée, mais cela nécessite une étude de faisabilité préalable pour évaluer la viabilité de l’idée. La complexité de ces mécanismes financiers (capital-risque, fondations, fonds/capitaux) exige une expérience importante, une maîtrise institutionnelle et financière totale, ainsi que des fonds propres permettant à l’ONG de contrôler les opérations.

De plus, les auteurs mettent en garde contre le risque de technocratisation, où des spécialistes recrutés pour gérer des mécanismes financiers complexes pourraient peu à peu imposer leur système et leurs règles, éloignant ainsi le contrôle des membres de base. Un équilibre entre centralisation et décentralisation est nécessaire pour éviter ce piège, et la formation des membres est essentielle pour qu’ils comprennent et contrôlent ce qui est fait.

Le “Manuel de Gestion Pratique” souligne également que la recherche et la gestion de moyens financiers plus importants posent des problèmes plus complexes au comité exécutif de l’association, nécessitant une organisation et une formation adéquates.

INSTABILITÉ POTENTIELLE DES REVENUS AUTO-GÉNÉRÉS #

Bien que l’autofinancement par le développement d’activités économiques rentables soit une stratégie clé vers l’autonomie, les auteurs reconnaissent implicitement les défis liés à la stabilité de ces revenus. La nécessité de calculer le prix de revient et de vente pour être compétitif sur le marché suggère une prise de conscience de la concurrence et des fluctuations potentielles des revenus.

Le “Manuel de Recherche de Financement” mentionne explicitement les risques financiers liés à la création d’entreprise, notamment la possibilité de générer des pertes qui pourraient mettre en danger la pérennité de l’ONG.

De plus, dans le contexte de la gestion de crédit, les auteurs notent que le revenu de la production est attaqué dans de nombreux pays du Tiers Monde par une forte inflation qui anéantit l’épargne potentielle. Ils proposent la création de mécanismes d’anti-érosion monétaire avec l’accord des agences de coopération.

Enfin, l’expérience d’ORAP au Zimbabwe montre que même des initiatives économiques réussies nécessitent de prendre des risques et de s’entourer du maximum de compétences pour assurer leur succès.

En conclusion, les auteurs de l’IRED sont bien conscients des risques inhérents aux stratégies d’autonomisation financière. Ils insistent sur la nécessité de maintenir l’alignement avec la mission sociale, de développer les compétences de gestion nécessaires pour faire face à la complexité des nouveaux outils financiers, et d’être vigilants quant à la stabilité des revenus auto-générés, tout en soulignant que la professionnalisation et un “esprit nouveau” sont essentiels pour relever ces défis.

What are your feelings
Updated on 15 avril 2025