Quels facteurs internes (gouvernance, leadership, capacités organisationnelles, etc.) et externes (environnement de financement, politiques publiques, contexte socio-économique, pratiques des bailleurs, etc.) sont identifiés comme déterminants (positifs ou négatifs) pour l’autonomie stratégique de ces organisations ?
Plusieurs facteurs internes et externes sont identifiés dans les sources comme déterminants pour l’autonomie stratégique des Organisations de la Société Civile (OSC) et des Organisations Non Gouvernementales (ONG).
FACTEURS INTERNES DÉTERMINANTS #
Capacités Organisationnelles et Ressources Humaines (RH)
- Un manque de personnel qualifié constitue un obstacle majeur pour les OSC de petite taille, impactant leur capacité à répondre aux exigences de suivi et d’évaluation chronophages des bailleurs de fonds, et limitant ainsi leur accès à des subventions.
- Le manque de RH peut également empêcher les OSC de se renseigner sur les cadres juridiques et fiscaux bénéfiques.
- Des capacités organisationnelles limitées, incluant un manque de répartition claire des responsabilités, un système de communication et de RH déficient, ainsi que des ressources financières insuffisantes, rendent la gouvernance des OSC de petite taille difficile et impactent leur capacité à mobiliser des ressources.
- Le recours au bénévolat ou à des salaires réduits peut impacter les performances et la motivation du personnel.
- L’absence de processus de suivi et d’évaluation, malgré l’existence de plans stratégiques, est une lacune qui entrave l’évolution des OSC.
- Le manque de temps et de fonds limite la mise en place de formations pour les membres des OSC.
- Le développement de programmes pluriannuels de renforcement des capacités institutionnelles, programmatiques et financières est recommandé pour assurer l’autonomisation à long terme des OSC.
- La capacité à inclure les frais de fonctionnement et de structuration dans le budget des projets est essentielle pour la viabilité financière et donc l’autonomie des OSC.
- La formation à la gestion financière et à la rédaction de rapports narratifs et financiers améliore la redevabilité envers les bailleurs et facilite les audits.
Gouvernance et Leadership
- Une gouvernance difficile en raison d’un manque de répartition claire des responsabilités et d’un système de communication et de RH déficient est un facteur interne négatif.
- La mise en place d’un conseil d’administration et d’organes de contrôle indépendants, bien que souvent exigée par les bailleurs, peut être peu fonctionnelle pour les petites OSC.
Visibilité et Crédibilité
- Le manque de visibilité des OSC de petite taille, souvent dû à des ressources limitées, nuit à leur attractivité auprès des partenaires financiers.
- Une forte visibilité, obtenue par la production de rapports financiers, une présence numérique et la participation aux réseaux de droits humains, renforce la crédibilité et l’attractivité des OSC.
- Diversification des Sources de Financement :
- Le fait de se contenter des financements acquis, en négligeant la pérennisation et la diversification des sources de financement, impacte négativement la viabilité des OSC, compte tenu de l’instabilité des financements obtenus.
- Le développement de modalités de financement alternatives (fonds régionaux, financement privé, crowdfunding) est une stratégie pour gagner en autonomie.
- Une diversification des financements (publics, privés, internationaux, philanthropie locale) est souhaitable pour des projets plus durables et la pérennisation financière des OSC.
FACTEURS EXTERNES DÉTERMINANTS #
Environnement de Financement et Pratiques des Bailleurs de Fonds
- La prudence des bailleurs de fonds et leurs critères exigeants (audit, existence légale, structuration, expérience financière, respect de leurs thématiques) rendent l’accès au financement difficile pour les OSC de petite taille.
- L’obligation de respecter les thématiques proposées par les bailleurs, même si elles ne correspondent pas aux besoins locaux, peut conduire les OSC à réaliser des actions inadaptées et nuire à leur légitimité.
- Seulement 20% des subventions soutiendraient la mission de base des OSC, les 80% restants répondant aux objectifs des bailleurs de fonds.
- Les OSC se retrouvent contraintes d’accepter des conditions et objectifs souvent irréalistes pour sécuriser des financements.
- Les procédures rigides et excluantes imposées par les bailleurs internationaux complexifient l’accès au financement.
- Les critères stricts et rédhibitoires de certains bailleurs, comme l’UE, peuvent favoriser les ONGI au détriment des OSC locales.
- Les partenariats avec les bailleurs peuvent être déséquilibrés et entraîner de nouvelles difficultés pour les OSC locales.
- Les financements des bailleurs publics et privés restent marginaux par rapport aux bailleurs internationaux. L’accès aux financements des entreprises privées est généralement faible pour les OSC locales.
- Les bailleurs de fonds ont tendance à se tourner vers le financement d’OSC dans les pays en développement en s’appuyant sur leur savoir local et leur rôle dans la promotion démocratique.
- Les bailleurs peuvent exiger que les OSC aient déjà bénéficié d’un financement français ou aient un budget minimum pour accéder à des financements plus importants (exemple de l’AFD).
- La non-prise en compte des spécificités des projets de droits humains (impact à long terme et qualitatif) par les financements peut limiter l’autonomie stratégique des OSC travaillant sur ces questions.
- Les variations de thématiques d’une année sur l’autre par les bailleurs peuvent compromettre la pérennité des programmes des OSC.
Politiques Publiques et Contexte Juridique
- Dans certains contextes nationaux, l’environnement juridique peut être peu favorable au développement des OSC. La dégradation de cet environnement peut impacter négativement les capacités organisationnelles des OSC.
- Les OSC travaillant sur les droits des groupes marginalisés (MSG) peuvent être contraintes par des lois criminalisant ces populations, les obligeant à adapter leur langage et potentiellement leurs stratégies.
- Répondre aux exigences des bailleurs peut parfois équivaloir à se soumettre à la volonté de l’État, amenant certaines OSC à se concentrer sur des domaines moins sensibles politiquement.
- Les modalités administratives pour accéder aux financements peuvent mener à un évincement politique de certaines organisations (exemple du refus de récépissé au Cameroun).
Contexte Socio-économique et Relations avec d’Autres Acteurs
- Les OSC doivent jongler avec les intérêts de divers acteurs : bailleurs, gouvernement local, autres OSC (concurrentes ou collaboratrices), bénéficiaires et membres.
- Le développement de la visibilité des OSC ne doit pas compromettre leur crédibilité auprès des communautés locales, en évitant d’être perçues comme des agents des bailleurs de fonds.
- Mettre en place des actions inadaptées aux besoins locaux pour satisfaire les bailleurs peut nuire à la légitimité du travail des OSC.
En résumé, l’autonomie stratégique des OSC est influencée par leur capacité interne à se structurer, à gérer leurs ressources humaines et financières, à développer leur leadership et leur gouvernance, et à diversifier leurs sources de financement. Elle est également fortement tributaire de l’environnement externe, notamment des pratiques des bailleurs de fonds, des politiques publiques, du contexte juridique et socio-économique, et de leur capacité à naviguer entre les intérêts des différents acteurs. Un déséquilibre de pouvoir dans la relation avec les bailleurs, des contraintes administratives et politiques, ainsi qu’un manque de capacités internes sont autant de facteurs qui peuvent limiter l’autonomie stratégique des OSC. À l’inverse, un renforcement des capacités internes, une diversification des financements et un environnement externe plus favorable peuvent la favoriser.