Principe : Coase (1937), Williamson (1975, 1985) – Issu de l’économie, ce courant analyse pourquoi les organisations existent et comment elles structurent leurs échanges (transactions). Toute transaction a un coût (recherche d’information, négociation, contractualisation, suivi, garantie). Les organisations cherchent à minimiser ces coûts en choisissant la forme de gouvernance la plus adaptée (marché, hiérarchie/intégration, contrat relationnel…). Les facteurs clés influençant ces coûts sont l’incertitude, la fréquence des transactions et la spécificité des actifs (investissement non redéployable facilement).
APPLICATION AUX ONG AFRICAINES : #
- La recherche de financements externes implique des coûts de transaction très élevés pour les ONG africaines (temps et expertise pour rédiger les propositions, négocier les contrats, produire les rapports selon des formats complexes, subir les audits…).
- L’autonomie stratégique peut être accrue si l’ONG réussit à réduire ces coûts, par exemple en obtenant des financements pluriannuels et moins fléchés (qui diminuent la fréquence des négociations et la complexité du suivi), ou en développant des relations de confiance à long terme avec certains bailleurs (qui réduisent les besoins de contrôle).
- Le développement d’activités génératrices de revenus ou d’entreprises sociales peut être analysé comme une tentative d’internaliser la mobilisation de ressources pour réduire l’incertitude et les coûts de transaction liés à la dépendance vis-à-vis de multiples contrats de financement externes.
Cas concret / Éléments d’évidence : La forte préférence (et le plaidoyer constant) des ONG pour le “core funding” (financement institutionnel) s’explique largement par la volonté de réduire les énormes coûts de transaction associés à la gestion d’une multitude de petits projets financés séparément. Les difficultés rencontrées par les petites ONG locales pour accéder aux financements internationaux sont souvent liées à leur incapacité à supporter les coûts de transaction initiaux (complexité des dossiers, nécessité de cofinancement, etc.). La mise en place de “fonds communs” gérés localement peut être vue comme une tentative de réduire les coûts de transaction pour les bailleurs et les ONG récipiendaires.
Critique / Nuance africaine : La TCE, très focalisée sur l’efficience économique, peut négliger les dimensions de pouvoir, de légitimité, de mission ou de solidarité, centrales dans le secteur associatif. L’évaluation des “coûts” est complexe (comment valoriser le temps de bénévoles ?). Dans des contextes africains marqués par une forte incertitude institutionnelle (instabilité politique, faible application des lois), les coûts de transaction peuvent être structurellement très élevés, limitant la pertinence de certaines prédictions de la théorie. Elle peut aussi sous-estimer les coûts de transaction liés à la mobilisation de ressources locales (temps relationnel, gestion des attentes communautaires…).