Principe : Granovetter (1973, 1985), Burt (1992) – Met l’accent sur l’importance des relations et de la structure des réseaux dans lesquels les acteurs (individus ou organisations) sont insérés. L’accès aux ressources (informations, financements, expertises, légitimité) dépend de la position dans le réseau (centralité, pontage entre groupes – “structural holes”), du type de liens (forts ou faibles) et du capital social accumulé (confiance, normes de réciprocité). L’action est “encastrée” (embedded) dans ces réseaux.
- L’accès aux financements, notamment internationaux, est fortement médiatisé par les réseaux : connaître les bonnes personnes, participer aux bonnes conférences, faire partie des “cercles” de confiance des bailleurs.
- L’autonomie d’une ONG peut dépendre de sa capacité à diversifier ses réseaux de soutien (ne pas dépendre d’un seul réseau de bailleurs) et à mobiliser ses réseaux locaux (communautaires, autorités locales, entreprises locales) pour obtenir des ressources alternatives (financières ou non-financières comme le bénévolat, les locaux, etc.) ou renforcer sa légitimité locale.
- La capacité à créer des “ponts” entre différents réseaux (ex: connecter les besoins locaux à des opportunités de financement internationales) peut être une source clé d’innovation et d’autonomie relative.
APPLICATION AUX ONG AFRICAINES : #
Cas concret / Éléments d’évidence : Des études montrent que les ONG dirigées par des personnes ayant fait des études à l’étranger ou ayant travaillé pour des organisations internationales ont souvent un accès privilégié aux financements externes grâce à leurs réseaux (“liens faibles” étendus). L’efficacité des plateformes ou consortiums d’ONG repose sur leur capacité à mutualiser les réseaux et à parler d’une voix plus forte. Le succès de nombreuses initiatives de développement communautaire ou de mobilisation de fonds locale (ex: tontines adaptées) dépend de la densité et de la confiance au sein des réseaux sociaux locaux (“liens forts”).
Critique / Nuance africaine : L’analyse des réseaux doit impérativement prendre en compte les spécificités culturelles et politiques africaines (importance des liens ethniques, religieux, clientélistes, rôle des aînés…). L’accès aux réseaux influents (surtout internationaux) reste très inégalitaire et peut reproduire des formes de dépendance. La théorie peut décrire la structure des réseaux mais explique moins comment les acteurs marginalisés peuvent activement les modifier ou en créer de nouveaux pour gagner en autonomie. La confiance, élément clé du capital social, peut être volatile dans des contextes d’instabilité ou de compétition exacerbée pour les ressources.