Les documents issus de l’atelier organisé par l’IRED à BUJUMBURA en 2008 traitent de la thématique de l’autonomie des Organisations de la Société Civile (OSC) en Afrique Centrale, notamment sous ses aspects financiers, organisationnels et intellectuels. Il ressort un consensus sur la nécessité pour ces organisations de renforcer leur indépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds externes et de développer des stratégies propres pour assurer leur pérennité et leur pertinence.

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PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS #

  • Dépendance financière et nécessité d’autofinancement : Une dépendance excessive à l’aide extérieure (plus de 28%) peut être préjudiciable à la survie d’une organisation.  L’objectif idéal est d’atteindre l’autofinancement après environ 10 ans d’existence.
  • Mécanismes d’autonomisation financière : Plusieurs pistes sont explorées pour atteindre l’autonomie financière, telles que la mobilisation des cotisations des membres, la capitalisation des dons non utilisés, le sponsoring d’entreprises, et le développement d’activités économiques génératrices de revenus (production, commercialisation, services).  Les “overheads” (frais institutionnels), les amortissements, les prestations de services, et la vente de documentation sont également des mécanismes clés.
  • Défis de l’autofinancement : La transition vers des activités lucratives n’est pas toujours aisée pour les OSC, en raison d’un manque de préparation mentale et de la concurrence.  La corruption et la mauvaise gouvernance peuvent aussi représenter des obstacles.
  • Importance de la vision et de l’autonomie de pensée : Les OSC doivent avoir une vision claire et développer une réflexion autonome et innovante dans la formulation de leurs programmes.  L’influence des bailleurs de fonds dans la définition des programmes est une préoccupation majeure.  Il est crucial de garantir une pensée autonome au sein des organisations pour éviter qu’elles ne se vident de leur essence, notamment en cas de départ du fondateur charismatique.
  • Rôle et avenir des OSC : La société civile joue un rôle important dans le contrôle de l’action publique et l’animation socioculturelle.  Cependant, son avenir est incertain sur les plans idéologique et financier, avec des menaces telles qu’une identité floue, l’amateurisme, le manque de professionnalisme et la dépendance financière.
  • Collaboration et réseaux : La création de réseaux d’OSC (comme la DAC, renommée DAF – Dynamique Africaine) est vue comme un moyen de renforcer les capacités, d’échanger des outils et des compétences, et de développer des actions communes.  L’idée de créer une fondation DAC est également évoquée.
  • Enjeux spécifiques : Des enjeux comme l’insertion économique des jeunes, la souveraineté alimentaire et la consolidation de la paix sont identifiés comme des thèmes fédérateurs pour les actions des OSC.

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PRINCIPALES PROPOSITIONS #

Renforcement des capacités : Mettre en place des formations en management, marketing, communication, et mobilisation de fonds (notamment locaux) pour les OSC.  Développer un pool de compétences au sein des réseaux pour faciliter l’appui mutuel.

Stratégies d’autofinancement :

  • Diversifier les sources de revenus : cotisations, sponsoring, activités génératrices de revenus, prestations de services, vente de documentation.
  • Bien négocier les projets avec les bailleurs pour y inclure des mécanismes de constitution de réserves (overheads, amortissements).
  • Séparer la comptabilité des projets de celle de l’association et protéger les réserves.
  • Développer une culture d’entreprise au sein des OSC.

Autonomie de pensée et d’action :

  • Outiller les OSC pour formuler des programmes alignés sur leur vision et les besoins réels des communautés, plutôt que dictés par les bailleurs ou les effets de mode.
  • Valoriser l’expertise locale et les savoirs populaires.
  • Promouvoir le dialogue interreligieux et maintenir des relations privilégiées avec les autorités étatiques, tout en gardant une distance critique.

Actions de plaidoyer : Mener des plaidoyers auprès des bailleurs de fonds pour plus de flexibilité et une meilleure prise en compte des réalités locales.  Plaider pour la lutte contre la corruption au sein même de la société civile.

Collaboration et capitalisation :

  • Intensifier l’échange d’outils, de documents, et de compétences entre les OSC membres des réseaux.
  • Capitaliser les “best practices” sur des thèmes clés comme l’entreprenariat, le développement local, le plaidoyer, et la promotion des savoirs populaires.
  • Élaborer des programmes sous-régionaux pour répondre aux crises, comme la crise alimentaire.

CONCLUSION

En conclusion, les documents soulignent un cheminement exigeant mais possible vers une plus grande autonomie des OSC en Afrique Centrale. Cela passe par un changement de mentalité, le développement de compétences spécifiques, la mise en place de stratégies financières et organisationnelles rigoureuses, et une collaboration accrue au sein de réseaux dynamiques.

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Updated on 13 mai 2025