Q0 : Comment la littérature scientifique et opérationnelle analyse-t-elle les stratégies, les facteurs d’influence, et les modèles économiques permettant aux ONG et OSC initiées localement en Afrique d’atteindre et de maintenir leur autonomie stratégique et programmatique vis-à-vis des financeurs ?
La littérature scientifique et opérationnelle analyse l’autonomie stratégique et programmatique des ONG et OSC initiées localement en Afrique vis-à-vis des financeurs à travers plusieurs prismes, mettant en lumière des stratégies, des facteurs d’influence et des modèles économiques variés.
STRATÉGIES POUR L’AUTONOMIE #
- Facilitation plutôt qu’implémentation directe : Une stratégie clé pour les ONG du Sud est de refocaliser leur rôle sur la facilitation des programmes communautaires plutôt que sur l’implémentation directe de leurs propres programmes. Cette approche vise à créer un espace où les communautés peuvent agir et développer leurs propres solutions durables dans les domaines économique, politique et social, favorisant un sentiment d’appropriation locale. En revanche, l’implémentation directe par les ONG est perçue comme minimisant l’appropriation par la communauté et bloquant le potentiel d’action des populations.
- Développement des capacités locales : Les programmes des ONG devraient spécifiquement chercher à développer les compétences et les capacités locales pour assurer la durabilité des initiatives communautaires. Cela implique une approche ascendante (bottom-up) plutôt qu’une approche descendante (top-down) traditionnellement adoptée par les ONG.
- Diversification des sources de financement : La dépendance excessive au financement des donateurs est identifiée comme une menace majeure à la pérennité et à l’autonomie des ONG africaines. La littérature insiste sur la nécessité pour les ONG de développer des stratégies pour accéder à des ressources financières alternatives, telles que le soutien gouvernemental et les contributions de sympathisants locaux. Les ONG établies devraient aider les plus petites à se développer et à devenir durables. L’exploration de financements innovants pourrait également être une voie à suivre.
- Renforcement des compétences en lobbying et plaidoyer : Pour influencer les politiques publiques et obtenir un soutien financier local, national et international, le renforcement des compétences des ONG en matière de lobbying et de plaidoyer est crucial. Cela leur permettrait de mieux défendre leurs causes auprès des gouvernements et des initiatives régionales et internationales.
- Collaboration et réseautage : Le partage d’expériences et la collaboration avec d’autres ONG, ainsi que le réseautage aux niveaux régional et international, peuvent renforcer la capacité des ONG à accéder à des informations, des ressources et un soutien mutuel. Des organismes parapluie comme BOCONGO au Botswana jouent un rôle important dans la promotion de cet échange.
- Clarification de la vision et des stratégies : Un manque de vision et de stratégies bien définies est identifié comme un défi pour les ONG. Un contexte macroéconomique et social favorable peut aider les ONG à clarifier leur vision et leurs stratégies.
FACTEURS D’INFLUENCE SUR L’AUTONOMIE #
- Contexte politique et juridique : La rigidité des systèmes politiques et juridiques peut constituer un obstacle majeur à la participation et à l’autonomie des OSC. Un environnement juridique favorable est essentiel pour que les ONG puissent exercer leurs droits et libertés et atteindre leurs objectifs de développement.
- Gouvernance et gestion des ONG : Des problèmes de manque de pratiques démocratiques, de transparence et de responsabilité, ainsi que des cas de mauvaise gestion financière, peuvent nuire à la crédibilité des ONG et à leur capacité à attirer et à maintenir des financements. Le renforcement des capacités en gouvernance, gestion et gestion financière est donc un facteur clé.
- Réduction de l’aide internationale : Le désengagement des donateurs internationaux lorsque les pays atteignent un certain niveau de revenu peut entraîner la fermeture d’ONG dépendantes de cette aide. Cela souligne la nécessité de ne pas dépendre uniquement des financements externes.
- Appropriation locale et participation communautaire : Un fort sentiment d’appropriation et une participation active des communautés dans la conception et la mise en œuvre des programmes sont essentiels pour la durabilité et l’autonomie des initiatives. Les approches descendantes qui minimisent cette participation peuvent compromettre l’autonomie à long terme.
- Contexte macroéconomique et social : Un contexte socio-économique favorable, avec des populations mieux éduquées et économiquement plus fortes, peut permettre aux ONG de bénéficier d’un soutien local accru.
MODÈLES ÉCONOMIQUES POUR L’AUTONOMIE #
- Financement par l’État : Bien que cela puisse soulever des questions d’indépendance, l’accès à des ressources financières gouvernementales est identifié comme une source de financement alternative potentielle, en particulier lorsque l’aide internationale diminue.
- Contributions locales et philanthropie : Encourager les contributions financières des communautés locales et développer la philanthropie nationale peuvent réduire la dépendance aux donateurs étrangers.
- Modèles d’entreprises sociales : La littérature pourrait explorer davantage le potentiel des modèles d’entreprises sociales pour générer des revenus propres et soutenir les activités des ONG, réduisant ainsi leur dépendance aux subventions. (Note : Cette information n’est pas explicitement détaillée dans les sources, mais est une piste pertinente dans le contexte de l’autonomie financière).
- Soutien des diasporas : Mobiliser le soutien financier et les compétences des diasporas africaines peut également représenter une source de financement et d’expertise pour les ONG locales. (Note : Cette information n’est pas explicitement détaillée dans les sources, mais est une piste pertinente).
En conclusion, la littérature met en avant un changement de paradigme pour les ONG africaines, passant d’un rôle d’implémentateur à celui de facilitateur, tout en insistant sur la diversification des financements, le renforcement des capacités locales et un engagement accru avec les communautés et les gouvernements pour atteindre et maintenir une véritable autonomie stratégique et programmatique.